BNP Paribas (Produit Net Bancaire : 17,5 MdEUR, capitalisation boursière : 36,9 MdEUR) a créé la surprise le week-end dernier en reprenant la participation de10,9% détenue par l'Etat dans le Crédit Lyonnais (Produit Net Bancaire : 6,7 MdEUR, capitalisation boursière : 17,2 MdEUR). Le gouvernement a procédé à une mise aux enchères de sa participation faute de solution capitalistique qui tardait à se mettre en place dans ce dossier. BNP Paribas a payé le prix fort : le montant de la transaction (2,2 MdEUR pour 10,9% du capital) correspond à un cours de 58 EUR par titre (soit une prime de 49% par rapport au derner cours coté avant l'opération) et valorise le Crédit Lyonnais à 20 MdEUR (soit 2,4 fois l'actif net contre une moyenne sectorielle de 1,6x en Europe). Les autres prétendants dont la Société Générale, le Crédit Agricole et les AGF sont restés loin derrière avec des offres respectives à 47 EUR, 44 EUR et 42 EUR.
Plusieurs raisons expliquent que BNP Paribas (qui devient le principal actionnaire du Crédit Lyonnais devant le Crédit Agricole et AGF/Allianz qui détiennent respectivement 10,5% et 9,7% du capital) paie un prix si élevé : (1) le Crédit Lyonnais constitue la dernière opportunité pour le groupe de renforcer ses positions sur le marché domestique de la banque de détail (BNP avait par le passé déjà tenté de prendre le contrôle d'un réseau domestique, notamment celui du CIC et la Société Générale, mais avait échoué du fait d'un prix de rachat trop faible), (2) BNP Paribas va ainsi limiter le nombre de prétendants susceptibles d'être intéressés par une prise de contrôle du Crédit Lyonnais (ces derniers devant probablement offrir un cours supérieur à 58 EUR pour racheter la part de BNP Paribas et réussir à contrôler à 100% le Crédit Lyonnais). Ce mouvement laisse présager une redistribution des cartes dans le paysage bancaire français : si BNP Paribas, qui est dans une position d'attente confortable, déclaré ne pas vouloir faire d'offre sur la totalité du Crédit Lyonnais, un rachat semble probable. Seul le Crédit Agricole, qui apparaissait comme candidat naturel à la reprise du CL mais voit le coût d'entrée augmenter, semble désormais être en mesure de contrer ses ambitions. A suivre...